L’aventure de Peugeot en Amérique
Fidèle à sa tradition prudente voire timorée, Peugeot prend le temps nécessaire avant d’aborder le vaste marché nord-américain. Dans les années 1950, quelques rares voitures, des 203 et des 403, sont importées par des distributeurs indépendants.
La 403 comme vitrine de Peugeot en Amérique
L’aventure outre-Atlantique du constructeur sochalien ne démarre véritablement qu’en avril 1958 dans le cadre du salon de New York, où la 403 est enfin dévoilée au public américain. Au même moment, la filiale Peugeot Inc. est établie à New York, tandis que les coûts de distribution sont partagés avec Renault qui ne propose alors que la Dauphine aux États-Unis, un modèle complémentaire à la 403.
D’abord proposée uniquement en berline, la gamme 403 est complétée avec le break à partir du millésime 1960 et ce jusqu’en 1962. Paradoxalement, si le fameux inspecteur Colombo a le privilège d’utiliser un cabriolet 403, ce dernier n’a pas été officiellement commercialisé aux États-Unis.
À partir des années 1960, Peugeot commence à établir son propre réseau, indépendant de celui de Renault. Confiant dans la robustesse de ses voitures, la marque propose même une garantie d’un an au lieu contre de 6 mois, la couverture usuelle à cette époque. Après un pic de ventes proche des 16000 voitures en 1959, les livraisons diminuent fortement et se stabilisent autour des 3000 à 4000 unités par an entre 1961 et 1967.
La boite automatique dynamise les ventes
En février 1961, la 404 arrive sur le marché américain, un peu moins d’un an après son lancement en France. Comme en Europe, la 403 poursuit sa carrière en parallèle à la nouvelle venue jusqu’en 1966. Le break 404 arrive aux États-Unis pour le millésime 1964, suivi par le cabriolet 404 un an plus tard. Exclusif et cher, ce dernier demeure très rare en Amérique et disparaît du catalogue à la fin du millésime 1967. L’année modèle 1967 est justement celle au cours de laquelle Peugeot propose enfin sur la 404 un équipement dont raffole les américains depuis une dizaine d’année : une boîte automatique.
Entre 1968 et 1973, les ventes annuelles s’établissent autour des 5000 voitures. La berline 504 remplace la berline 404 au millésime 1970, tandis que le break 404 reste au catalogue pour une année supplémentaire, suppléé par le break 504 au millésime 1971. Peugeot offre également outre-Atlantique les berlines et breaks 304 au cours des millésimes 1971 et 1972. Mais la 304 ne séduit que 4269 clients pendant cette période, le constructeur français jugeant la voiture guère adaptée au marché américain en raison de son gabarit et de son moteur 1,3 L. Pourtant Volkswagen et Honda parviennent à vendre des voitures similaires sur ce marché : la Coccinelle et la Civic. Peugeot manque sans doute de persévérance pour réussir à imposer ses voitures tout en ne cherchant pas vraiment à s’adapter au très concurrentiel marché américain.
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Le diesel le sauveur des ventes de Peugeot en Amérique
Les ventes réussissent néanmoins à progresser significativement à partir de 1974 grâce au Diesel, une spécialité de Peugeot. La crise énergétique, consécutive au 1er choc pétrolier survenu en 1973, incite en effet les consommateurs à faire des économies de carburant. Au cours des années 1970 le siège de la filiale nord-américaine de Peugeot quitte la ville de New York pour s’établir de l’autre côté du fleuve Hudson dans le New Jersey, avant d’être baptisée Peugeot Motors of America à la fin de la décennie. Ce sont alors entre 9000 et 12000 Peugeot qui trouvent preneurs chaque année jusqu’en 1980.
Au cours de l’été 1977, la 604 avec moteur V6 fait ses débuts sur l’exigeant marché américain où sa calandre, adaptée aux normes locales, présente alors un aspect assez minimaliste, avant d’être enfin modifiée pour le millésime 1979. La berline 504 cède la place à la berline 505 en 1980, tandis que le break 504 poursuit sa carrière uniquement avec un moteur Diesel jusqu’en 1983. La 604 troque son V6 essence pour un turbo diesel en 1980, une mécanique qu’elle conserve jusqu’à son retrait du catalogue en 1984. Peugeot ajoute une version 505 Turbo Diesel à la gamme pour le millésime 1981. En octobre 1983, le break 505 est lancé pour le millésime 1984.
Depuis 1981, le marché américain absorbe 15000 Peugeot chaque année. En 1984, la marque au Lion bat son record de ventes aux États-Unis avec 20 007 voitures dont 18 394 505. Les versions 505 Turbo au millésime 1985, puis 505 V6 au millésime 1987, viennent étoffer l’offre. Cependant, les ventes de Peugeot chutent de manière importante à partir de 1987 et repassent sous la barre des 10000 unités annuelles. Le lancement de la berline 405 au millésime 1989, suivie par le break 405 au millésime 1990 n’inverse pas la tendance.
Le retrait de Peugeot du marché nord-américain
Peugeot décide alors de ne pas préparer de version américaine de la 605 et de se retirer officiellement du marché nord-américain en 1991, la production des versions US des 405 et 505 ayant été officiellement arrêtée en en août 1991. En 1993, trois dernières Peugeot 405 neuves sont immatriculées aux États-Unis.
Entre 1980 et 1991, la 505 est parvenue à séduire 121 871 clients aux États-Unis ce qui représente 9 % de la production totale du modèle, un chiffre honorable mais modeste compte tenu de la taille du marché américain. Entre 1988 et 1993, 11 398 Peugeot 405 sont vendues aux États-Unis. Par comparaison, entre 1988 et 1992, plus de 100 000 405 sont immatriculés chaque année en France, un marché dix fois plus petit que le marché américain. Au final, les résultats obtenus ont été médiocres en raison de l’incapacité du constructeur sochalien à s’adapter aux us et coutumes américains notamment en matière d’équipements (boîte automatique, climatisation) et de services, mais aussi d’une gamme trop réduite. Peugeot n’a en effet jamais vraiment cherché à imposer ses petits modèles outre-Atlantique, tout comme ses jolis coupés et cabriolets. Des projets de coupés 505 puis 405 ont même été imaginés pour le marché nord-américain avant d’être abandonnés. Peugeot s’est ainsi retiré du marché nord-américain voilà plus de 30 ans et on parle depuis lors de son retour au pays de l’oncle Sam comme d’une Arlésienne…
En conclusion
L’aventure de Peugeot sur la marché Nord Américain n’aura jamais vraiment décollé malgré quelques bons résultats notamment sur la 103 ou encore la 505 dans les années 90.
Bonne route :)
A suivre …
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