Citroën en Argentine
Située dans l’hémisphère sud à plus de 11 000 km de la France, l’Argentine est un pays d’amateurs d’automobiles. Dès le début du XXe siècle, les premières autos de fabrication locale apparaissent sous forme de productions artisanales réalisées par des ingénieurs passionnés de mécanique. Néanmoins, aucun constructeur important ne réussit à émerger sur un marché argentin aux débouchés trop étroits. Ainsi et jusqu’aux années 1950, les voitures proviennent principalement des marques américaines qui ont installées des usines de montage dans le pays. Les rares autos européennes importées font figure de curiosités exotiques, parmi lesquelles quelques Citroën distribuées localement depuis les années 1920.
L’ouverture d’une filiale Citroën en Argentine
À partir des années 1950, le gouvernement argentin souhaite construire une puissante industrie automobile nationale pour accroître les exportations. Les constructeurs européens sont alors sollicités pour ériger des usines. De même, plusieurs tentatives pour créer une marque locale voient le jour mais sans être couronnées de succès. C’est dans ce contexte que Citroën lance officiellement la 2CV en Argentine en 1958, puis établit une filiale en 1959 et, enfin, démarre une usine en 1960. Au cours de cette première année, les 2CV berlines et fourgonnettes sont produites en 992 exemplaires.
L’essor de la production à l’échelle nationale
Rapidement l’économique, robuste et confortable 2CV séduit de plus en plus d’argentins d’autant que Citroën veille à assurer une fabrication de qualité. En 1966, plus de 30 000 unités circulent déjà sur les routes et un record de production est atteint en 1969 avec 15 280 voitures produites. En novembre 1969, Citroën lance la 3CV qui correspond à la 2CV6 française munie du moteur 602 cc au lieu du moteur 425 cc de la 2CV4. De manière étrange, l’appellation 3CV, qui correspond à la puissance fiscale française de la voiture, a été retenue en Argentine, peut-être pour mieux différencier cette version de la stricte 2CV et de son moteur 425 cc. Un an plus tard, en décembre 1970, Citroën monte en gamme en présentant le break Ami 8 en Argentine. La Méhari vient rejoindre la gamme en décembre 1971 mais sans succès puisqu’elle sera produite à moins de 4000 exemplaires jusqu’en 1979.
Fermeture de la filiale en 1979
Après la réussite des années 1960, la part de marché de Citroën recule sur le marché argentin à partir de la moitié des années 1970, en raison de modèles qui apparaissent datés. Souvenons-nous que la 2CV a été présentée à la fin des années 1940… Ajoutons que les importations d’automobiles en Argentine deviennent plus faciles à partir de janvier 1979 et que le groupe PSA, auquel appartient désormais Citroën, connaît des difficultés. On comprend pourquoi l’usine Citroën argentine ferme donc ses portes en décembre 1979. Au cours de l’année, le projet d’assemblage local de la GS a été abandonné, tandis que Dyane, Visa, GS et CX ont commencé à être importées de France à partir du second semestre 1979. À l’heure des comptes, Citroën produisit localement 223 442 voitures entre 1960 et 1979.
IES symbole de la renaissance des voitures Citroën en Argentine
L’histoire de la marque au double chevron sur le marché argentin n’est pourtant pas terminée. En effet, l’industriel local Eduardo Sal-lari rachète les éléments restant de la filiale du constructeur français en 1982. À partir de 1983, IES – pour Industrias Eduardo Sal-Lari – reprend la fabrication de la 3CV (alias 2CV6) sous sa propre marque. La fourgonnette AK400 et la Méhari intègrent aussi la gamme IES en étant rebaptisées respectivement Carga et Safari. Au-delà de cette reprise de fabrication, IES affiche un plan ambitieux en souhaitant devenir un constructeur argentin d’envergure. En 1985, l’IES 3CV devient IES America en adoptant un nouveau dessin de sa face avant et des phares carrés – ceux de la Renault 6. Deux plus tard, IES lance la Super America, ultime évolution de l’ancienne 2CV locale, qui reçoit de nouvelles suspensions avec ressorts à lames transversaux et un système d’allumage électronique pour le moteur. Enfin, IES présente sa première voiture originale en 1988 : le pick-up Gringa qui reprend le soubassement de la Super America. En 1989, IES élabore à partir de la Gringa, un break 3 portes à vocation plutôt utilitaire, qu’il nomme Gringo. Les équipes du constructeur travaillent également sur un nouveau moteur 2 cylindres de 825 cc refroidi par eau. Cependant, la sévère crise économique que connaît l’Argentine à la fin des années 1980 contraint IES de cesser définitivement son activité en 1990. C’en est alors fini des héritières de la Citroën 2CV.
Le retour du groupe Peugeot-Citroën en Argentine
Neuf ans plus tard, le groupe PSA décide de produire à nouveau des Citroën dans ce pays à partir de son usine jusqu’alors entièrement dédiée à la fabrication de Peugeot. On voit ainsi apparaître un Berlingo de première génération argentin à partir de 1999. Ce modèle est toujours présent sur les chaînes de production en 2023 ! La gamme Citroën disponible en Argentine devient alors similaire à celle proposée au Brésil, un pays où la marque produit à partir de 2001, des Xsara Picasso, des C3 et des fourgons Jumper.
En avril 2007, une originale C4 Sedan, basée sur la C4 de 1re génération, est lancée en Argentine. Ce modèle, semblable à la Citroën C-Triomphe fabriquée et vendue en Chine, est exporté vers le Brésil et l’Espagne sous le nom de C4 Pallas. Entre 2007 et 2012, plus de 150 000 exemplaires sortent de l’usine argentine. En 2012, la C4 Lounge, dérivée de la C4 de 2e génération, remplace la C4 Sedan sur les chaînes de production argentines qu’elle quitte en 2022.
Ainsi se termine notre tour d’horizon de l’aventure Citroën en Argentine.
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