Robert Opron, du caractère et de l’audace.
Après des études aux Beaux-Arts et une première expérience dans le domaine aéronautique, Robert Opron, qui rêve de dessiner des automobiles, décroche un premier travail chez le constructeur français Simca. Nous sommes en 1958 et il a 26 ans. Sa première œuvre sera le prototype Fulgur, une voiture de bande dessinée qui devient réalité pour être présentée au public à l’occasion du salon de Genève 1959. Cette même année, Opron conçoit la Simca Chambord décapotable présidentielle.
En 1961, la dissolution du bureau de style Simca entraîne le licenciement de Robert Opron. Suite à une clause de non concurrence l’empêchant de rejoindre un autre constructeur automobile, il devient directeur du style chez le fabricant d’électroménager Arthur Martin. En 1962, il répond à une annonce d’offre d’emploi derrière laquelle se cache Citroën. Flaminio Bertoni, responsable du style de la marque au double chevron et auteur, entre autres, des Tractions et DS, l’embauche. Le premier travail d’Opron porte sur la création du break Citroën Ami 6 qui est lancé à l’automne 1964.
Robert Opron, chef d’orchestre du style Citroën
Suite au décès brutal de Bertoni survenu en février 1964, Opron, alors âgé de 32 ans, prend sa succession avec le soutien de Pierre Bercot, PDG de Citroën. Robert Opron devient ainsi le chef d’orchestre du style Citroën pour la décennie à venir, période durant laquelle il dessinera des véhicules emblématiques pour les amateurs de véhicules de collection. Le restyling de la DS en 1967, l’Ami 8 en 1969, le majestueux coupé SM et la GS en 1970, et, enfin, la CX en 1974 voient le jour sous sa responsabilité. Opron signe également deux autres voitures présidentielles pendant cette période : la berline DS « 1-PR-75 » livrée en 1968 au Général De Gaulle et la décapotable SM commandée en 1971 par Georges Pompidou et livrée en deux exemplaires en 1972. Ces voitures ont été réalisées par le carrossier Henri Chapron avec lequel Robert Opron entretient de bons rapports.
Le rachat de Citroën par Peugeot en 1974 entraîne la démission de Robert Opron qui ne veut pas être soumis à la marque sochalienne qu’il juge trop conservatrice. La très bonne réputation d’Opron lui permet d’être rapidement approché par Renault qu’il intègre en 1975. Le constructeur au losange a besoin de redynamiser son style tout en conservant une approche marketing plus dynamique que celle de Citroën, qui cherche à imposer ses idées aux clients. Ce défi convient tout à fait à Robert Opron, à qui on donne une grande liberté et qui va diriger l’ancien patron du style de Renault, Gaston Juchet. Ce dernier reste cependant fidèle à Renault, dont il reprendra les rênes du style en 1985 et ce jusqu’à sa retraite en 1987.
Très attaché aux carrosseries deux volumes munies d’un profil fastback, la première création d’Opron chez Renault sera le coupé Fuego lancé en 1980. Comme sur la SM, on y retrouve le hayon arrière en verre formant une bulle. Ce trait de style constitue un marqueur du travail de Robert Opron, repris également sur les Renault 11 et 25, toutes deux dévoilées en 1983. Entre temps, Opron doit travailler sur sa réalisation la plus banale : la berline Renault 9 à trois volumes. Les contraintes imposées par Renault pour sa voiture mondiale, ont, en effet, laissé peu de place à l’originalité. Opron et ses équipes finaliseront également le style de l’Espace, précurseur de la niche des monospaces.
À la suite du départ de Bernard Hanon de la présidence de Renault au début de 1985, Robert Opron perd ses repères chez le constructeur français dirigé désormais par Georges Besse. Il quitte alors Renault pour intégrer le groupe Fiat en 1986 en tant que Directeur du design en charge de la prospective des modèles et des méthodes. Ces nouvelles fonctions apparaissent au final assez floues et complexes. Il esquisse néanmoins au travers d’une petite cellule de recherche les coupé et roadster Alfa Romeo SZ et RZ qui seront finalisés par le carrossier italien Zagato.
À partir de 1990, il dispose de son propre bureau de style à Paris, en accord avec Fiat, peu avant de prendre sa retraite en 1992 à l’âge de 60 ans. Il conservera une activité professionnelle au travers de son bureau de style jusqu’en 2001. Pendant cette période, il collabore alors avec le constructeur de voiturettes Ligier. Robert Opron est décédé en mars 2021.
Durant une soixante d’année au service de la création automobile, Robert Opron, aura laissé une trace indélébile auprès des collectionneurs de voitures.
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