L’histoire du designer automobile Bertone (années 70 à 2000)
Une immense influence et des modèles mythiques
Bertone s’entoure de stylistes de renom qui lui permettent de répondre à la demande des constructeurs. Ainsi Franco Scaglione est remplacé en 1960 par Giorgetto Giugiaro, qui cède sa place à Marcello Gandini en 1965. Ce dernier ne quitte Bertone qu’en 1979 après avoir été à l’origine de plusieurs chefs-d’œuvre automobiles tels que la Lamborghini Miura lancée en 1966, puis l’Alfa Romeo Montreal et la Lamborghini Espada en 1967, mais aussi les Lamborghini Urraco en 1970, la Lancia Stratos en 1973, ainsi que les Lamborghini Countach et Maserati Khamsin présentées en 1974. Le belge Marc Deschamps, qui a travaillé pour Bertone entre 1972 et 1973, succède à Marcello Gandini en 1979. Il reste chez Bertone jusqu’au début des années 1990. Jusqu’à la fin de l’entreprise en 2014, ce sont cinq autres stylistes qui s’occupent des créations de Bertone.
Bertone réalise de manière plus régulière des prototypes pour les constructeurs ou pour son propre compte, qui sont exposés durant les salons automobiles. Cela permet de faire des propositions aux marques automobiles tout en testant les réactions du public. On peut citer à titre d’exemple la BMW 2200ti Garmisch présentée au salon de Genève en 1970, la Citroën GS Camargue dévoilée au salon de Genève en 1972, la NSU Trapeze présentée au salon de Paris en 1973, la Volvo Tundra en 1979, la Mazda MX-81 révélée au salon de Tokyo en 1981, et la Lancia Kayak présentée au salon de Genève en 1995.
Au cours des années 1970 à 2000, Bertone dessine de nombreux modèles maintenant prisés par les collectionneurs de voitures anciennes, parmi lesquelles la Fiat X1/9 en 1972, la Ferrari Dino 308 en 1973 (bien qu’ayant carrossé quelques Ferrari, Bertone n’est pas le carrossier fétiche de la marque au Cavalino Rampante qui lui préfère Pininfarina), l’Innocenti Mini en 1974, l’Audi 50 en 1974 et sa jumelle, la Volkswagen Polo de première génération en 1975, la Volvo 262C en 1977, le cabriolet Fiat Ritmo en 1979, la Citroën BX en 1982, l’Alfa 90 en 1984, la Volvo 780 en 1985, la Skoda Favorit en 1988, la Citroën XM en 1989, la Daewoo Espero en 1990, mais encore la Fiat Panda de deuxième génération et l’Alfa Romeo GT lancées en 2003, ainsi que des voitures chinoises dans les années 2000.
Les années 80 à 90, l’entreprise Bertone se diversifie
À partir des années 1980, pour diversifier son activité Bertone fabrique aussi des voitures qu’il n’a pas dessinées, telles que l’Opel Kadett cabriolet lancée en 1985, l’Opel Astra cabriolet et la Fiat Punto cabriolet toutes deux commercialisées à partir de 1993, et enfin l’Opel Astra coupé et cabriolet à partir de l’an 2000.
Il produit également sous sa propre marque : la 850 Spider dès 1965, puis la X1/9 et le cabriolet Ritmo après qu’ils aient été abandonnés par Fiat. À partir de 1989, sentant venir le vent des véhicules de loisirs, Bertone collabore avec le japonais Daihatsu pour produire ses petits tout-terrains en Italie, qui reçoivent alors des moteurs BMW.
Les années 2000, vers la fin d’un mythe du design automobile.
Après près d’un siècle d’existence et d’adaptation aux exigences d’un monde sans cesse en mouvement, Bertone perd pied dans les années 2000 en raison de commandes constructeurs de plus en plus rares, ces derniers internalisant entièrement la conception de leurs nouveaux modèles, ayant aussi acquis une plus grande flexibilité industrielle, et enfin faisant disparaître les coupés et cabriolets de leur catalogue. Bertone cède ses usines à Fiat en 2009, mais cela ne suffit pas à assurer la survie de l’entreprise, qui disparaît en 2014. La fin d’une des légendes vivantes de l’automobile dont les créations resteront des objets de culte et de collection. Ainsi s’achève notre récit de l’épopée du designer Bertone, maître carrossier incontesté.
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